Les événements historiques de 14-18, en Allemagne, font l’objet de récits mémoriels parfois conflictuels et laissent des traces différentes, selon les lieux, les espaces choisis, la place qui occupent les témoins. Entre l’expérience individuelle et le récit collectif, l’écriture de l’histoire et les paroles des témoins, la production d'une mémoire historique n’est pas toujours guidé par les mêmes préoccupations, faisant parfois entendre des voix contestataires.
On pense ici, par exemple : à des récits racontés par les vainqueurs et d'autres relatés par les vaincus,le vécu des soldats encadrés par des officiers supérieurs absents du terrain et celui des femmes de soldats(souvent absent), le portrait contradictoire de personnages historiques, l’histoire locale du conflit dans les villes qui s’effacent de plus en plus derrière l’esthétisation de l'espace public, l'histoire nationale normative où les mythes se substituent aux réalités passées, etc.
Les conflits de mémoire naissent également de la distance avec les TRACES OUBLIES des souvenirs du passé et l'absence de NOUVELLES FORMES ARTISTIQUES ET CITOYENNES DECOMMEMORATION du passé « dans la ville ».
C'est ce que ce à quoi ce projet veut contribuer. Il s’intéressera non seulement, aux événements historiques 1914-1918 qui font hier et aujourd'hui l’objet de conflits de mémoire en Allemagne et en particulier dans la ville Européenne de Berlin, mais également à la production d'œuvres artistiques par les jeunes participants allemands, grec et français, qui seront produites en compléments de celles déjà mises en place par les institutions.
Chaque LIEU OU MONUMENTCHOISI sera étudié, visité, analysé dans la ville de Berlin et l'objet d'une proposition artistique(chant,danse, mime, graphe) . A côté de chaque monument choisi, un groupe de jeunes franco-allemand-grec,sera filmé lors de la présentation de sa PERFORMANCE ARTISTIQUE ;
Chaque monument choisi fera l'objet d'un ADJUVANT MEMORIEL CITOYEN laissant AINSI dans la ville et le pays, une nouvelle trace. (Nous nous référerons à : Élise Julien, Paris, Berlin. La mémoire de la guerre 1914-1933, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. Histoire, 2009, 375 p. / Anthony Michel, « Élise Julien, Paris, Berlin. La mémoire de la guerre 1914-1933 », Questions de communication [En ligne], 18 | 2010, mis en ligne le 25 avril 2012, consulté le 29 octobre 2016. URL : http://questionsdecommunication.revues.org/301 )
En effet, chaque présentation de la proposition artistique produite par le groupe dans l'espace publique sera en amont, scénarisée, filmée et postée dans l'instantané sur youtube. Chaque proposition produite par le groupe dans la journée,pourra ainsi être suivie sur youtube.
Une démarche artistique et pédagogique sur les traces mémorielles qui fera appel (comme notre précédent projet(*) en Grèce à l'expertise universitaire. L’historien s’efforçant de restituer un récit scientifique privilégiant l’exactitude des faits plutôt que la trace du monument, il nous permettra de regarder les monuments dans la vile autrement. (Nous irons à la rencontre de la remise en cause des thèses de : Fritz Fischer qui publie en 1961 Griff nach der Weltmacht (les Buts de guerre de l’Allemagne impériale), Christopher Clark (les Somnambules, Flammarion, 2013) et Herfried Münkler, politologue de l’université Humboldt de Berlin, (Der grosse Krieg : Die Welt 1914-1918 /«la Grande Guerre, le monde 1914-1918») qui apportent beaucoup de nuances à la question de la «faute» allemande, face aux écrits d'Etienne François, Gerd Krumeich ou Edgar Wolfrum).
Une démarche pédagogique active qui participe à confronter, l’interprétation consensuelle ou conflictuelle des événements dans l'histoire »allemande,française et grecs des faits ». En invitant les jeunes à une réinterprétation du passé, leurs œuvres permettent d’envisager autrement le rapport du présent au passé, voire à l’avenir.
Les échanges suscités par la production de certaines œuvres impliquent DE SENSIBILISER LES JEUNES EUROPEENS D'AUJOURD'HUI au fait que la mémoire est l’objet d’enjeux collectifs et de conflits d’interprétation. Les objets historiques et les œuvres d’art illustrent cette tension, en posant la question du rapport entre « mémoire dominante et mémoire dominée ».
Les arts en général peuvent ainsi contribuer à la résolution des conflits ou, au contraire, à les entretenir. Le regard porté par plusieurs Jeunes artistes (le temps d'un séminaire) sur le même événement historique des 100ans peut les aider à mieux comprendre les enjeux des conflits de mémoire. Les œuvres participent parfois à l’oubli de certains événements historiques que les nations et les institutions préfèrent effacer de la mémoire officielle. Elles peuvent aussi signaler le déni d’un traumatisme, d’une violence subie par un groupe politique, social, ethnique, culturel (relevant en particulier de l’histoire militaire ou coloniale).
Nous avions dans le premier séminaire(15-22 avril 2016 à Thessalonique) attaché une importance à l’histoire oubliée de la GUERRE et de la PAIX en ORIENT (en Grèce et en Turquie en particulier dont sont originaires les familles des jeunes allemands, français et grecs du groupe), marquée par la tension entre souvenir et oubli DE LA PLACE ET DE L'ACCUEIL DES REFUGIES.
Cette thématique est également à l’origine de conflits de mémoire illustrés par des pratiques de NON commémoration, qu’elles soient institutionnelles ou artistiques en Allemagne. C'est pourquoi dans ce projet le groupe de jeunes franco-allemands-grecs iront à la rencontre de jeunes réfugiés à Berlin (un café pédagogique sera organisé avec Schoolclash, le centre Naunynritze et le soutien d'ONG experts). Le rôle de leurs œuvres artistiques sera d'interroger également la résistance ou le maintien ou la contestation d’une cohésion sociale autour d’un récit politique officiel DU RAPPORT ENTRE GUERRE ET REFUGIES. Dans cette démarche d'éducation populaire, l’interaction entre œuvres officielles et œuvres « de la société civile (alternatif ou contestataire) permettra de mieux interroger les héritages symboliques dissensuels face aux arts vivants de la rue mis en scène par une performance collective dans la ville de Berlin. Ce nouveau LABORATOIRE ARTISTIQUE DE LA JEUNESSE CITOYENNE qui s'appuie sur une esthétique de la rupture « pour faire voir autrement les événements dont l’interprétation reste oubliée ou contestée « , nous permettra de croiser différentes approches méthodologiques.
Les activités envisagées incluent :
– une nouvelle forme de pratiques commémoratives artistique et sa fonction mémorielle
–une production collective artistique révélatrice des tensions actuelles (Guerre et Réfugiés) autour des débats mémoriels
–une démarche d'éducation populaire collective et inclusive contre « une fabrique de l’oubli ou de la falsification mémorielle »
–une contribution citoyenne alternative ou contestataire dans l'espace public contre l'exclusion, la discrimination et les tensions interculturelles actuelles.
Programme
SAMEDI 15avril 2017 : Arrivée des différents groupes nationaux de participants et Inter connaissances
DIMANCHE 16 avril 2017 : Animation linguistique, Présentation du programme, Recensement des attentes et craintes, représentations, Sécurisation des parcours. Ballade pédagogique d'exploration des sites, travail en équipe trinationale. Visite de la ville et constitution d'une cartographie mémorielle.
LUNDI 17 avril 2017 : Animation linguistique, restitution Ballade pédagogique d'exploration. Workshops : Jeux de coopération et rédaction des histoires et séquences d’animations, Décryptage des traces historiques, introspections biographiques (rapport personnel à la guerre / lien entre histoire personnelle et histoire collective) Préparation de la soirée interculturelle
MARDI 18 avril 2017 : Visites méthodologique Auto-regard des Lieux mémoriels et Musées : chaque participant a pour mission de revenir avec un objet qui l'a intéressé et de le présenter au groupe / Rencontres d’experts sur les lieux mémoriels et café pédagogique (Université de Berlin et Lycée Français)
MERCREDI 19 avril 2017 : Promenade pédagogique sur les traces de l’Histoire dans la ville sur le thème de l'histoire (repérages des lieux de tournage des films pourles performances). Soirée Interculturelle avec des invités autour du thème du séminaire.
JEUDI 20 avril 2017 : Animation linguistique, Mise en place et tournage des performances artistiques. Restitution de la Promenade pédagogique sur les traces de l’Histoire / Bilan intermédiaire.
VENDREDI 21 avril 2017 : : Bilan et Regards croisés sur les paroles et écrits de participants et perspectives transnationales. témoignages filmés).
SAMEDI 22 avril 2017 : Evaluation finale et Programmation des perspectives dans chaque pays(Film, Conférence-débat, Blog)